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dimanche 10 juin 2012

Paul Biya, vide idéologique et opposition bancale

Une foi inébranlable en la démocratie, garante d'une société juste, qui appelle ses fils à se retrouver autour des valeurs communes aura motivé cette sortie. 
Une nation forte repose justement sur la recherche perpétuelle des idées innovantes à partir desquelles se font les mutations ou les transitions. 
Paul Biya, l'actuel président de la république du Cameroun, en poste depuis environ trois décennies, candidat à sa réélection en octobre 2011, avait remporté le suffrage d'une majorité de ses compatriotes et présidera donc aux destinées du Cameroun pour les sept prochaines années... 
Même par défaut, il aurait emporté mon vote, non pas que je ne sois pas concerné par le manque d'alternance au Cameroun depuis si longtemps, mais davantage par l'absence d'une idéologie forte dans l'opposition et la non émergence d'un leader capable de faire le consensus autour de sa personne. 
Quelqu'un que je ne vais pas citer ici m'avait laissé entendre ( je reviens dessus ) que sur une population d'environ vingt deux millions d'âmes, au moins dix-neuf étaient radicalement opposés à la politique de l'actuel président du Cameroun, et une bonne partie détestant cordialement sa personne. Ma question est la suivante, comment un homme cristallisant autant de haine au tour de sa seule personne, peut-il gagner une élection présidentielle, qui est par essence la rencontre entre un homme ou une femme et son peuple ? Des ébauches de réponse glanées ci et là convergeaient vers des idées selon lesquelles la fraude massive, L'intimidation, l'oppression avaient permis au candidat sortant de l'époque de l'emporter. Ce constat léger, vide de toute conviction n'avait pas mon adhésion et allait dans la droite ligne des slogans creux qui tenaient lieu de programme politique lors de la campagne de cette présidentielle 2011 camerounaise... 
L'opposition camerounaise pendant cette campagne avait misé sur une stratégie à mon avis non-payante, car reposant grandement et uniquement sur la détestation du candidat sortant. Pour moi donc, vouloir construire le Cameroun de demain avec un programme comme celui là était ni plus, ni moins qu'une tentative de corruption, l'abandon du combat idéologique, un manquement criard au devoir citoyen et une rupture définitive du pacte qui lie ces représentants du peuple avec le reste de la population. 
Pour appuyer mon propos sur l'absurdité du constat selon lequel Biya est haï dans son pays, comment l'opposition camerounaise n'avait-elle pas pu capitaliser sur cette pseudo haine, en proposant des idées fortes et en présentant un candidat du consensus, à même de mettre fin au règne du candidat sortant ? Ils ont failli ! 
Par ailleurs, et s'adressant à ce peuple soi-disant meurtri, il aura lors de cette élection démissionné de son rôle de censeur. Un vote est l'expression même d'un sentiment. Dans la démocratie, c'est le peuple qui décide et s'abstenir, c'est faire vivre les extrêmes, c'est aussi abandonner son rêve et hypothéquer son avenir, celui de son pays... Aller voter, c'est un acte citoyen, c'est un devoir civique ! 
Un Cameroun riche, prospère, ouvert sur le monde commande que des idées neuves foisonnent, ensuite qu'un homme consensuel les porte et fasse vivre le rêve de l'alternance. Le débat politique commande aussi que s'installe dans la durée une opposition véritable, qui saura définir les enjeux. Et si cette opposition veut être crédible, elle devrait être exemplaire dans tous les sens du terme par rapport à sa conception de l'alternance, qu'elle comprenne qu'elle ne va pas que dans un sens, appliquée à elle même d'abord, l'adhésion de tous leur sera acquise.  

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