Il y a une Afrique (pour généraliser) en laquelle je ne me reconnais pas, celle de la perpétuation de certains tabous, ceux-là qui font le lit de crimes indicibles, dont les seules victimes sont les femmes et les enfants. Une femme violée (une récurrence) ne porte pas plainte au Cameroun par exemple, car personne ne la croira. Elle sera, neuf cas et demi sur dix, traitée d’affabulatrice et de prostituée… Mariée, combien de fois a t-elle assisté, impuissante, aux viols de ses enfants, parfois par leur propre père, au prétexte que la révélation de ces crimes odieux détruirait la famille et enverrait le papa-bourreau en prison ? Au Cameroun, on assiste donc au triomphe d’un silence coupable, qui justifie la déshumanisation de la femme et de l’enfant, en consacrant la misogynie et le machisme.
Voila pourquoi la démarche de Nathalie Koah est une transgression dans une société camerounaise notoirement sclérosée. Les femmes ne parlent pas, n’en ont pas le droit ou ne veulent pas… Et les gardiens de cette vieille tradition sont d’abord les femmes elles-mêmes, raison pour laquelle les critiques les plus acerbes que Nathalie reçoit en ce moment, en relation avec son affaire, viennent d'autres femmes comme elle. Le poids d’une coutume surannée, qui confine la femme aux rayons peu glorieux d’objets ou plus reluisant de faire-valoir. Ayant dit cela, fallait-il s’attendre à une quelconque intelligence de la part de ces «autres» femmes, mentalement installées au Moyen-Âge, qui ont remplacé leurs cerveaux par le petit organe érectile de leurs vulves ou qui ont depuis longtemps installé des caisses enregistreuses entre leurs cuisses ? À l’évidence non, car elles ne peuvent pas comprendre que le débat s’est déplacé depuis longtemps sur le terrain des idées, qu'elles n'ont pas et des droits, qu’elles ignorent…
Qu'est-ce qu'il fallait comprendre ? Bien, que Nathalie Koah ait été «volontairement» un objet pour la sexualité déviante, peu orthodoxe d’un milliardaire pervers, qui la «livrait» de temps en temps à ses amis, une banalité confondante dans le proxénétisme, n’est le problème de personne. Elle l’a dit à maintes reprises, elle était consentante. Bien. Qui la connaissait avant la divulgation de ses photos intimes sur internet ? Le seul intérêt devrait pourtant être là et nulle part ailleurs. Pourquoi donc cette fixation sur son string et ces propos nauséabonds sur sa sexualité ? En effet, cette affaire de mœurs ne s’est retrouvée sur la place publique que par la seule volonté farouche d’en découdre d’une triste personne éconduite, en état d’ébriété très avancé de son ego, de sa puissance et son de son pouvoir, qu’il croyait naïvement illimités, en publiant (selon l'accusation) les photos interdites de son ex sur les réseaux sociaux. Il a des moyens de nuisance illimités au Cameroun, en effet…
Qu’un milliardaire instrumentalise la Police et la Justice dans un pays où règne supposément l'État de Droit et que ça ne dérange personne, me parait curieux. Même ceux qui ne se sont jamais retenus de fustiger ce qu’ils appellent la «tyrannie» ou la satrapie, les inégalités, l’injustice ou le manque de libertés au Cameroun, sont devenus étrangement taiseux. Ces pleutres décérébrés qui justifient l’arbitraire, l’innommable même, quand c’est commis sur une femme, sont prêts à toutes les compromissions pour venger l’image écornée de leur idole. Ils sont devenus des critiques littéraires à l’annonce de la sortie du livre «Revenge Porn», où Nathalie Koah, l’auteure, n’a jamais prétendu être une romancière et ne parlent que de morale, mais ne se décident pas à se séparer de ses photos nues enregistrées dans leurs ordinateurs et smartphones, qu’ils s’en servent éhontément pour se «raboter le gourdin» quand ils sont à l’abri du regard.
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