Si on ne pouvait prétendre que c'était devenu un phénomène de mode, sa récurrence ne devait pourtant pas laisser place à l'indifférence. Sarkozy en premier, avait crée un précédent de façon spectaculaire, s'interposant de façon inopportune dans un différend post-électorale en Cote-d'Ivoire, qu'il choisissait ensuite de régler à coups de bombes et d'installer à la tête de l'état, un de ses amis intimes, l'humanoïde génocidaire Ouattara.
Alors, les autres n'hésitent plus, Bozizé, le président déchu centrafricain, avant de fuir son pays, avait fait appel à la France pour l'aider à combattre les rebelles armées et à se maintenir au pouvoir... Avant lui, dans des contours qu'on maitrise encore mal, Dioncounda Traoré, le président par intérim du Mali avait fait pareil, le gouvernement français, en bon grand frère ou en bon papa, c'est selon, s'était déployé, emportant avec lui dans sa trousse d'urgences, des milliers de soldats et des avions bombardiers entre autres, pour voler au secours du "peuple malien souverain", attaqué par une horde de djihadistes très méchants [...]
Les voeux pour des printemps "quelque chose" foisonnaient et se mondialisaient, preuve si besoin en était que la démocratie avait plutôt bonne vie dans ce grand village planétaire qu'est le monde.
Lors de la visite du chef de l'état camerounais en France récemment, comme cela se passe souvent, même dans les plus grandes démocraties et aux plus grands leaders de ce monde, quelques opposants s'étaient rassemblés devant son hôtel pour lui manifester leur mécontentement... Le choix de la France par certains, comme theatre idéal pour ce genre de manifestation n'est pas anodin, car ils s'inscrit dans la droite ligne de ce qu'est réellement la politique africaine de la France, de ce que ce pays a toujours représenté en termes de valeurs pour certains africains ou simplement des liens existants ou passés entre la classe politique africaine et ses homologues français.
Les gouvernements français successifs, forts des liens coloniaux qui les unissent avec certains états africains, ont toujours demis, maintenu ou destitué des chefs d'état africains, au gré de leurs intérêts.
Des Présidents africains peuvent dès lors continuer à utiliser les deniers publiques à des fins personnelles, le plus souvent avec la bénédiction des autorités françaises qui les couvrent dans les investissements qu'ils effectuent en France ou ailleurs et passent sous silence, les placements en devises qu'ils font dans leurs banques. Ceci étant souvent la garantie de la bonne vie et de la pérennité des intérêts français dans ce qui serait convenu d'appeler le "Pré carré français" en Afrique.
Je crois qu'il serait temps de faire le bilan de tous ces printemps arabes, de toutes les révolutions d'ailleurs, des herbes ayant déjà poussé sur leurs tombes, ils sont passés de mode, l'espoir a laissé la place au doute, à la colère. Quelle arnaque !
Ces révolutions avaient fait naitre l'espoir ( je radote ) en Afrique, des peuples qui se soulevaient, exigeaient plus de liberté et plus de démocratie, renversaient des régimes qui selon eux, étaient autoritaires et bla bla bla et bla bla bla…
Des opposants camerounais en avaient même été été inspirées et pas seulement, des vents de printemps avaient traversé une bonne partie de l'Afrique en ce moment là, des chefs d'état étant même obligé d'anticiper sur des reformes, pour être en phase avec quelques revendications des peuples, ayant pour but de calmer des débuts de révolte… La vie était vraiment belle !
Sur des réseaux sociaux, des forums et j'en passe, la mode était à l'appel au soulèvement, au printemps de quelque chose, c'était le truc in du moment et quelques opposants camerounais, bien fondés dans leurs volontés à ce qu'un changement à la tête du Cameroun se réalise, s'étaient livrés au même exercice… Après tout, si cela avait marché en Libye, en Cote-d'Ivoire, en Tunisie ou en Egypte, pourquoi cela n'aurait-il pas pu être le cas au Cameroun ? Seulement, avaient-ils remarqué que les peuples du Maghreb n'avaient pas fait leurs révolutions pour que des frères musulmans s'installent au pouvoir, eux dont la doctrine s'inspire davantage de la charria que de la démocratie occidentale dont ils rêvaient ? Étaient-ils au courant ou du moins le réalisent-ils maintenant que ces printemps arabes si enviables à leurs débuts, n'ont donné lieu qu'à des régimes qui répriment encore plus que ceux qu'on aimait bien désigner hier comme des dictatures ? Que les femmes ont perdu la quasi totalité des libertés dont elles jouissaient avant les révolutions ?
Des milliers de gens qui descendraient dans la rue pour manifester, c'est très bien, mais après ? On a besoin des institutions pour qu'un pays fonctionne… Dans la V ème république en France par exemple, les parlementaires sont les représentants du peuple et parle en son nom… Un opposant fort en gueule ( Melenchon ), estime d'ailleurs que ce peuple n'est pas suffisamment entendu et milite pour la reforme de la constitution avec le passage à la VIème république et l'introduction de la constituante, le peuple étant sollicité par referendum pour se prononcer sur les grandes décisions qui s'appliqueront sur lui… Tout ce travail ne relèverait donc que des prérogatives des parlementaires investis par le peuple et qui parle en son nom… Comment le dire autrement ?
Il n'y a pas l'ombre d'un doute, les situations politiques, sociales, économiques ou même géographiques sont différentes d'un pays à un autre. Vouloir à tout prix calquer un modèle de société sur le sien entraine le plus souvent des crises dans lesquelles il est difficile de s'en sortir.
Pour ce qui est du Cameroun, on assiste depuis un moment et toujours, à toute une floraison de tactiques, allant des appels à l'incivisme et à la rébellion de la population, aux demandes d'intervention de la France ou d'autres puissances étrangères pour chasser comme ils disent Paul Biya du pouvoir, pas encore couronnées d'effet pour l'instant… Ces tactiques douteuses à mon sens, venant de ceux qui se posent quand même en démocrates, posent plusieurs problèmes qui ne sont pas des moindres; prendre le pouvoir au Cameroun à la suite de bombardements français ou bien d'autres puissances militaires, conféreraient quelle légitimité à celui qui en bénéficiera ? Etre démocrate et se faire aider par des bombes pour gouverner, j'ai des doutes… Néanmoins, j'ai déjà quand même entendu que la liberté s'arrachait. Si on se sent à l'étroit chez soi et qu'on pense que les possibilités de changement sont plutôt limitées, pourquoi pas ? Allons-y pour le génocide, pour plus de sang, comme ça, on aura une couleur rouge écarlate sur l'allée qui mène au pouvoir, des fois que ça nous libèrerait davantage.
Le Cameroun est pourtant dotée d'une constitution, les institutions de l'état fonctionnent peu ou prou et je note l'existence d'une assemblée nationale où les différents partis politiques du pays sont représentés. Ceux qui appellent à descendre dans la rue, viennent de quels partis ? S'ils ne se reconnaissent dans aucun de ces partis politiques siégeants à l'assemblée, pourquoi ne crée t-il pas un à leur image, qui répondrait plus à leurs aspirations ? La perspective de vouloir changer les choses en se baignant dans du sang humain, en marchant sur des cadavres, sans omettre les destructions massives des infrastructures publiques et privées, peut paraitre exotique pour certains, mais me laisse plutôt sceptique.
De toutes les façons, le pays référent en matière de déstabilisation, de coups d'état et de pillage au Cameroun et en Afrique francophone d'une manière générale, c'est la France. À la lumière de tous les scandales financiers et sociaux que connait ce pays, avec l'implication de son récent ministre du Budget Cahuzac dans un soupçon de blanchiment de fraude fiscale, de la mise en examen de son ex-Président Sarkozy pour extorsion de fonds auprès d'une très vieille dame sénile qui n'avait plus toute sa tête et bien d'autres enquêtes à venir, la France est-elle toujours légitime ou crédible pour distribuer des points de bonne gouvernance ou pas aux autres pays ? Pourra t-elle comme à son habitude, désigner et sanctionner des états prétendument corrompus en Afrique ? Je ne pense pas...
Je souscris au même diagnostic que tout le monde, le Cameroun va très mal et je suis tout aussi concerné par le manque d'alternance au sommet de l'état, pas seulement, car des reformes, il en faut dans toutes les couches de la societe... Du policier au directeur général, en passant par le vendeur à la sauvette, l'implication de tous pour un réveil du Cameroun est un impératif.
Un pays comme le Cameroun s'est aussi bâti sur des valeurs ancestrales, traditionnelles, ses diversités culturelles sont ses premières richesses et représentent une bonne rampe de lacement pour les développements futurs... Adamou Ndam NJOYA par exemple, Leader de l'UDC et maire de la Commune Urbaine de la ville de Foumban, premier responsable du retard qu'accuse cette ville au fort potentiel touristique, fait donc un tort énorme à toute la communauté Bamoun, quand il s'attaque de façon frontale à son Roi et à son histoire. En politique, tout n'est pas permis, surtout quand on est soi-même, une caricature de la démocratie...
Il faudrait aussi ramener un peu d'honnêteté dans la chose politique, les solutions prônées par ceux des camerounais de la diaspora reposent sur quelle vérité ? Veulent-ils le pouvoir pour eux-mêmes ou pour servir leur pays ? Si gouverner c'est se mettre au service de son peuple, comment peut-on l'aider, si l'on ne vit pas avec lui ses difficultés au quotidien ? Le Cameroun n'a pas besoin d'imposteur, ni de charlatan pour résorber ses crises sociales, politiques et économiques. Demander aux autres d'aller au casse-pipe alors qu'on est soi-même à l'abri est d'une lâcheté déconcertante. Et du courage, il en faut pour qu'un Cameroun nouveau, fort et prospère sorte de terre !
Life's great...