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mercredi 5 novembre 2014

Cameroun, panne d'opposition

Ils ont cassé tous les thermomètres par trop de froid ou pas d’ailleurs, ne résistant plus à aucune météo, ils passent par toutes les émotions, alternant tous les sentiments, rien finalement n’y fera. La haine, l’apprentissage au terrorisme, l’invective, la caricature, les insultes, les cris d’orfraies ou les incantations, ils sont à toutes les écoles, ne pouvant battre l’objet de leur démence à la régulière, Paul Biya et son parti le RDPC, ils finissent par faire ce à quoi les destinait déjà l’école du colon, l’errance intellectuelle, le vagabondage idéologique et l’autoflagellation. Heureusement qu’ils ne font peur et mal qu’à leurs claviers d’ordinateurs, ces derniers étant les seuls véritables martyrs de leur djihad virtuel. En effet, les doigts furieux de ces bellicistes forcenés sur ces appareils électroniques leur font vivre un véritable supplice... L’exigence de la psychiatrie pour certains n’est donc plus un caprice, l’urgence est là !

Je me suis toujours posé la question de savoir comment l’on pouvait autant aimer Thomas Sankara, citer son parcours, son combat, son discours comme références et être un soutien indéfectible (enfin presque) pour son assassin... En effet, Alassane Dramane Ouattara, l’humanoïde génocidaire accessoirement Président de la République de Cote-d’Ivoire et burkinabé primaire, avait réalisé son rêve de pouvoir, en comptant sur une horde de sauvages obscurantistes recrutés, entrainés et armés par Blaise Compaoré (le bourreau de Thomas Isidore Noël Sankara), le Président déchu du Burkina Faso, qui a opportunément trouvé refuge en Cote-d’Ivoire, après avoir été chassé du pouvoir par son peuple. Vous comprenez un peu? Oui, la République du Burkina Faso, celle de toutes les compromissions, de tous les outrages, s’est transportée en urgence en Cote-d’Ivoire. Des faits graves d’association de malfaiteurs donc, que des juristes pourront s’ils le veulent, mieux apprécier que moi... Mince alors !

Peut-on être un vrai africain et revendiquer une quelconque mémoire (traite négrière, esclavage, colonisation...etc), quand on a validé avec enthousiasme le bombardement du palais présidentiel ivoirien par l’armée française (colonialiste, esclavagiste et négrière) pour déloger le Président Laurent Gbagbo et y installer Alassane Dramane Ouattara ? Je dis hein, comment de tristounets vagabonds idéologiques peuvent-ils donc, à la lumière de toutes ces questions que je viens de poser, prétendre supporter le peuple burkinabé, guidé par une véritable opposition, structurée, mature et responsable qui aura réussi à faire fuir le bourreau de la conscience burkinabé et par extension, celle de l’Afrique noire qu’est Blaise Compaoré, leur ami de toujours ? Si tu es fan d’Alassane Ouattara, de Guillaume Soro et que tu milites pour l’implication militaire française dans les changements de régimes politiques comme en Cote-d’Ivoire ou en Libye, comment peux-tu prétendre aujourd’hui être du coté du peuple burkinabé ? Hein ?

Dites-moi, ce soulèvement burkinabé se transpose au Cameroun comment quand la vraie opposition démocratique camerounaise vaque tranquillement à son travail parlementaire et n’a demandé à aucun camerounais de descendre dans la rue pour manifester ? La constitution du Cameroun avait été modifiée en 2008 dans le strict respect des procédures, afin de faire sauter le verrou (l’article 6.2) qui limite le nombre de mandats à la Présidence de la République. Ceci avait été fait démocratiquement, répondant en effet à l’attente de millions de camerounais qui voulaient voir leur champion Paul Biya rempiler pour un énième mandat présidentiel en 2011. Si l’opposition camerounaise n’en avait pas voulu et elle est légitime en ce sens, elle l’aurait exprimée comme l’a fait l’opposition burkinabé en descendant (vraiment) dans la rue militer pacifiquement. En quoi cette démarche était-elle illégale alors (modification de la constitution) ? Est-ce la légalité d’une telle procédure que les burkinabés contestaient en descendant dans la rue ? Que nenni !

Comme le disait Macaire Lemdja dans un de ses récents posts et à juste titre, dans tous les pays du monde, les lois fondamentales peuvent être changées à tout moment dans des cadres institutionnels destinés à cet effet là. Et il appartient à celui (un Chef d’État en l’occurrence) qui veut changer une loi (la constitution par exemple) de tenir compte de ces cadres là... Au Burkina Faso, qui est un État de droit par exemple, Blaise Compaoré avait légalement pour son projet de révision constitutionnelle, le choix entre une consultation populaire, donc la voie référendaire et la voie parlementaire. S’il choisissait cette dernière option (ce qui était déjà une inclinaison) son camp étant majoritaire à l’Assemblée Nationale, son projet passait comme une lettre à la poste. Légalement. Comme au Cameroun en 2008...

Pour une meilleure explication, citons l’exemple de l’opposition française à la Gauche au pouvoir qui demandait une consultation populaire (un referendum) pour légiférer sur le projet de loi pour le « mariage pour tous ». Elle reçut une fin de non-recevoir de l’exécutif qui choisit plutôt la voie parlementaire, sachant que majoritaire à l’Assemblée Nationale, sa loi serait votée et ce fut le cas. Elle est où l’illégalité ? Nous eûmes des manifestations, des confrontations parfois très musclées entre ceux qui étaient contre ce projet loi, son passage en « force » à la Représentation Nationale et les forces de l’ordre, quoi de plus normal en démocratie ? Deux personnes de même sexe peuvent d’ores et déjà se marier en France et fonder une famille, tout comme il n’y a plus de limitation de mandats à la Présidence de la République du Cameroun. Point !

J’ai vu ces derniers temps, ces camerounais opposants auto-proclamés sur Facebook venir faire des propositions pour une meilleure gestion de la société camerounaise. Oui aux débats d’idées, même sur Facebook, mais pour ces opposants irréductibles, notoirement excessifs et extrémistes, aucun changement ne se fera sur la toile. Aucun. Ils font d’ailleurs des amalgames douteux entre la démocratie et l’alternance, confondant l’intérêt public avec leurs ambitions personnelles, quelle imposture ! La démocratie comme concept et adoptée par beaucoup de pays fait-elle ce qu’elle dit ? Le peuple qui a bon dos finalement comme au Burkina Faso détient quel pouvoir et dans quel pays, quand nous savons tous que c’est la France qui organise des élections présidentielles et désigne les vainqueurs dans son pré-carré colonial (Mali, Cote-d’Ivoire, Centrafrique et bientôt Burkina Faso) ?

Selon la formule de Périclès, reprise par Abraham Lincoln le 19 novembre 1863, lui-même un des pères fondateurs de la démocratie américaine, la démocratie est « Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Seulement dites-moi, à quel moment ce peuple est convoqué ou du moins quand est-ce que sa présence est requise dans le processus constituant du pays dans lequel son pouvoir est sensé s’exercer ? Je le dis autrement, pourquoi ce bon peuple ne rédige t-il pas lui-même le texte qui garantit sa souveraineté, à savoir sa constitution ? On voit bien là, l’une des limites de cette démocratie, sa notion relative, différente selon que l’on est dans un pays ou dans un autre... Et le constat est là, constant, le peuple n’a jamais gouverné nulle part et ne le fera jamais. Les dindons de la farce du soulèvement populaire, démocratique au Burkina seront le peuple. Si le peuple américain ne gouverne pas aux États-Unis, ce ne sera pas en Papouasie Nouvelle-Guinée qu’il le fera. Le Sultan Bamoun est souverain à Foumban et je ne m’en plains pas... Le débat portant sur des institutions fortes à la place des Hommes forts n’aura donc pas lieu. Jamais !

Que chacun assume désormais ses rangs, ces apprentis-sorciers qui pérorent sur les réseaux sociaux à longueurs des journées, ces « diseurs » éternels quand d’autres camerounais comme eux sont des « faiseurs » qui construisent leur pays de leur sueur et de leurs ressources, qu’ils se le disent, eux qui ne voient jamais la France nulle part, francophiles patentés et qui font de la récupération nauséabonde dans le soulèvement démocratique du peuple burkinabé, eux pour qui la perpétuation de la domination française en Afrique à travers le Franc CFA notamment, est une bonne nouvelle, vous resterez toujours en marge de la société camerounaise, à l’écart de la marche en avant de votre pays, vos claviers en mains, insultant, ergotant, jurant, tels ces nègres de salon ou même ces ethno-frustrés que vous avez du mal à ne pas être... Ratez vos vies, vous en avez le droit, mais ne détruisez pas le Cameroun !

©Yves Kouotou

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