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jeudi 9 octobre 2014

Le Kori [clé 14] de la France à l'Afrique... Le Mali

« La Françafrique est une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisé sur l’accaparement de deux rentes: les matières premières et l’Aide publique au développement. La logique de cette ponction est d’interdire l’initiative hors du cercle des initiés. Le système auto-dégradant se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie »
©FRANÇOIS-XAVIER VERSCHAVE   

Le Président François Hollande avait engagé les forces militaires françaises au Nord du Mali pour combattre et repousser des islamistes obscurantistes qui menaçaient l’intégrité territoriale de ce pays et étaient déjà entrain de soumettre les populations du septentrion malien à la pratique d’un islam médiéval. Ça c’était la version officielle de cette mission, celle qui est offerte pour abrutir, malmener une opinion publique internationale confuse et transformer d’honnêtes gens en parfaits idiots. La guerre contre le terrorisme, un sophisme infantilisant pour la mémoire collective de ces héros africains morts pour l’indépendance de leurs pays, une insulte faite aussi à ceux qui continuent ce combat résolu pour la libération du continent noir. Eh oui, c’est justement ce fallacieux prétexte à l’humanisme,  cet énoncé abstrait des grands principes de la démocratie et des droits de l’homme, dont se servent certains pathétiques prédateurs pour mépriser la souveraineté des États africains et les exposer à leur rugueuse et perverse attention.

Les maliens avaient donc dû se résoudre à organiser des élections présidentielles en aout 2013, alors qu’ils ne contrôlaient toujours pas l’intégrité de leur territoire et continuaient encore le combat contre la horde de barbares qui voulaient leur imposer un modèle de société obsolète. C’était une volonté, que dis-je, une injonction du Chef de l’exécutif français François Hollande, qui ne tenait pas compte de ce qui procédait de l’urgence ou de la priorité dans un Mali coupé en deux et désorganisé, ni ne prenait en compte les besoins réels des citoyens de ce pays, dont l'existence était menacée. Le Mali, cet enclos colonial français devait toujours, plus de 50 ans après son indépendance, subir l’humiliation de voir les contours de sa politique ou de la gestion de ses affaires courantes dessinés dans les bureaux parisiens de l’ancien colon français... L’avis du peuple malien n’étant requis que dans les médias, sur la place publique donc, pour légitimer une nouvelle forfaiture de cette tutelle condescendante.

Tout le Nord malien était et est toujours d’ailleurs, la base arrière de groupes terroristes. Il est surtout devenu  un «No man’s land» pour l’armée républicaine malienne et est sous contrôle total de l’armée française et des troupes rebelles du MNLA, Mouvement National pour la Libération de l’Azawad, dont les velléités indépendantistes sont connues de tous. Ce mouvement rebelle est aussi soupçonné de collusions idéologiques, voire armées avec les jihadistes que la France est supposée combattre.
François Hollande choisit donc de s’allier à un mouvement rebelle indépendantiste pour combattre le terrorisme dans un pays souverain, en excluant ce dernier... Comme si le gouvernement belge faisait alliance avec les indépendantistes corses pour combattre la pègre à Bastia... Il n’y a que l’exécutif français qui serait capable d’une telle morgue. On se souvient que quelques temps avant d’engager l’armée française au Mali, le Président français avait pourtant soutenu le contraire, rappelant que c’était la responsabilité de l’État malien d’assurer la sécurité de ses citoyens et de défendre l’intégrité de son territoire... C’était bien avant que les intérêts stratégiques de la France à travers la société AREVA ne soient menacés par des bandes armées au Nord du Mali...
François Hollande préside aux destinées des français, donc veille sur leurs intérêts, mais il le fait en piétinant la souveraineté malienne et en hypothéquant l’avenir des maliens.

Il y a certes un État malien qui existe, mais qui ne contrôle qu’une infime partie de son territoire. La France, comme tous les prédateurs et partout où elle agit, a besoin et préfère de loin avoir une zone de non-droit pour continuer sa campagne de délestage des ressources naturelles qu’elle convoite. Dans le rayon des exemples, il y a profusion. La Libye par exemple ne connait plus que la désolation, la loi des bandes armées, mais les affaires marchent toujours très bien pour ceux qui ont mis ce pays à genoux, l’exploitation de son pétrole ne connait aucun répit. Et plus bas en République Centrafricaine, c’est le statu quo, ce n’est pas vraiment la guerre, ni tout à fait la paix, une situation figée connaissant quelques escarmouches de parts et d’autres, avec une Présidente par intérim à peine installée qu’elle est déjà soupçonnée de corruption. Situation idoine pour les affaires de la France partie prenante de le conflit et sa résolution (pompier-pyromane), on a envie de dire comme d’habitude.
Voici ce que disait François Hollande, le 2 février 2013 à Bamako, l’armée française ayant effectivement pris ses quartiers dans le Nord Mali:
«Je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie...»

Et depuis ce discours jouissif du Président français, la France vaque tranquillement au bon déroulement de ses affaires dans le Nord malien et les «Vive papa François Mali» ont laissé place à une profonde désillusion et beaucoup de frustrations auprès de nombreux maliens.
Ainsi va la Françafrique...


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