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jeudi 22 janvier 2015

Marche républicaine - « Je suis Charlie ou...pas » - Liberté d'expression

L’image qui accompagne cette note est une caricature qui est supposée faire rire. Elle montre en effet un (e) africain (e) à genoux, satisfaisant sexuellement deux prédateurs impérialistes occidentaux, pris par derrière par l’un, pendant qu’il ou elle prodigue une fellation à l’autre, le pieu complètement enfouit dans la bouche... Bien. 

Peut-on se permettre un tel humour, quand justement la France a entre 10 et 12 milles de ses soldats stationnés en Afrique, dans des pays prétendument indépendants de son enclos colonial, et dont la mission est de les priver de leurs ressources naturelles, par l’usage de la force ? Peut-on se permettre une telle légèreté, supposée faire rire, quand la France tue, pille et détruit en Afrique, dans l’indifférence générale? La vérité de cette caricature est glauque et ne donne aucune envie d’en rire. Elle semble se moquer de l'assujettissement des africains par ses prédateurs. Des centaines d’africains périssent aux larges de Lampedusa (Italie) chaque année, tentant de rejoindre l’Europe à la pirogue ou à la nage, car ils veulent vivre décemment. Ils sont précipités dans la mer méditerranée par la France qui confisque les économies de leurs pays, à travers le nazisme financier du CFA. Ils fuient l’Afrique pour rejoindre l’Europe parce qu’ils sont réduits à l’esclavage et affamés chez eux par les multinationales occidentales. Et c’est ce que nous indique cette caricature avilissante, outrageusement raciste de Charlie Hebdo. C’est la liberté d’expression et comme c’est un certain humour, il faut absolument en rire. Bref...
 


On peut et on doit être «Charlie », si la démarche s'inscrit dans la manifestation ou le soutien en faveur de la liberté d'expression et de la réaffirmation de nos valeurs essentielles. On peut faire tout ça, et être viscéralement opposé à la ligne éditoriale de l’hebdomadaire Charlie Hebdo, dont quelques caricatures pour ne pas dire la majorité d’entre elles, ont toujours été volontairement stigmatisantes, clivantes, racistes, islamophobes et négrophobes. S'exprimer librement ne veut pas dire mépriser les croyances des autres, le respect dû au sacré devrait être un impératif intangible. Pour ne pas tomber sous le coup du blasphème, éviter de choquer, les rapports entre tout croyant et sa religion ou son Dieu doivent être de ce fait protégés et érigés en sanctuaire inaliénable, libre des moqueries de ces fielleux sectaires, qui utilisent la liberté d’expression comme cache-sexe, pour se livrer à de vils exercices, mus par de bas instincts.
 


Par ailleurs, cette valeur essentielle, supposée universelle qu’est la liberté d'expression ne s'auto-censure t-elle pas quand elle est évoquée, entretenue et encouragée pour certains, et réprimée tout simplement pour d'autres? Il y a un flou juridique ou plus généralement pédagogique entretenu, volontairement ou pas, dans l’interprétation de la liberté d’expression, qui doit être corrigé au plus vite, pour que le sentiment du deux poids, deux mesures ne perdurent plus. Fait-il encore l’ombre d’un doute que nous vivons dans une société inégalitaire, où règne l’arbitraire?
En effet, qui fixe les limites de la liberté d’expression? Et sur la base de quels critères? L’alibi de l’humour et la liberté d’expression est brandit lorsqu’on déshumanise un noir par exemple, en le caricaturant en singe, une banane à la main, mais on tombe forcément sous le coup de l’antisémitisme, si on évoque le nez crochu et l’amour des juifs pour l’argent. À quoi est dû ce double standard?
 


Le monde entier se souviendra longtemps, de la marche pour la liberté de la presse et pour la démocratie qui a eu lieu à Paris le 11 janvier dernier, après les attentats qui avaient endeuillé la France, mais restera sur sa faim quant à la pertinence de la présence à ce défilé, de quelques barbares et de vrais pourfendeurs de nos droits universels. Certaines autorités turques par exemple étaient présentes à ce rassemblement, alors que 23 journalistes turques croupissent dans leurs prisons, pour s’être exprimés. Remarquée aussi, la présence du génocidaire Benjamin « Bibi » Netanyahu, tueur d’enfants palestiniens, alors qu’il avait assassiné 17 journalistes palestiniens à Gaza en juin dernier. Pour quelle liberté et surtout quelle démocratie marchaient-ils alors, quand tous sont insensibles au respect de la plus élémentaire de nos libertés civiles? On ne sert que des symboles aux peuples, la forme sans le fond, quelle imposture!
 


Que toutes les victimes de la barbarie humaine aient le repos éternel !
Que notre humanité retrouve une peu plus de calme et de paix...

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